Talk'n'Soul est dédié à la culture Soul, de ses origines à nos jours.
Certes
la « soul music » n’est plus pour certains très à la mode mais pas pour
une fan invétérée comme moi. On l’a enterrée, réanimée, ressuscitée
rebaptisée mais la soul a survécu aux modes et au temps. Son succès mais
aussi sa traversée du désert elle les doit quelquefois au fan, ce
mystérieux individu qui aime, consomme et des fois boude cette musique
qui lui a procuré tellement de bonheur, l’ingrat ! Et puis la musique de
l’âme , reprend sa place et le fan tel un amant capricieux l’étreint
maladroitement, et lui promet fidélité pour toujours…
N’avez
–vous pas remarqué que certains médias français, presse audio visuelle
ou écrite, n’évoquent la « soul » musique que pour célébrer la mort d’un
chanteur de soul ? Jusque là c’est normal vous me direz ! Seulement
voilà pour les amateurs de soul ça sonne faux ; ça nous soule. Écouter
passer sur les ondes et en boucle le tube qui aurait « marqué l’histoire
de la soul musique ». Entendre et voir défiler sur différents plateaux
des spécialistes toujours les mêmes, des amoureux de la musique de
l’âme, des passionnés donc, qui répondent malgré eux parfois , aux mêmes
questions et qui reviennent sur le parcours artistique du chanteur
défunt, sa vie, son œuvre et surtout sur les détails sordides qui ont
jalonné son fabuleux destin, détails qu’affectionnent certaines revues à
scandale. On entend alors des répliques journalistiques tout aussi
inutiles que décevantes : « heu, Il avait quand même neuf enfants conçus
avec cinq femmes différentes ! » « Il a été accusé de pédophilie ! » «
Gros consommateur de cocaïne ! » « Chaud lapin » « il tapait sa femme »
et alors ? On s’en fiche !
Le fan aime l’artiste point barre et voir son talent et ses chef
d’œuvres se réduire à de simples faits divers, ça le rend dingue…Il
fulmine devant son poste de télé, traite ces journalistes d’imbéciles,
il éteint tout, s’enferme dans sa chambre place sur la platine le vinyle
fétiche et crachotant qu’il a pu dénicher dans une brocante londonienne
en 1968 alors qu’il n’avait que 7 ans.. Il appelle ça « son bijou ». Il
le manipule avec respect, délicatesse. Il n’est pas seulement un objet
mais un membre à part entière de la famille. Ce bijou a traversé les
décennies sans prendre une ride alors que le fan 40 ans plus tard tempes
grisonnantes, et père de 2 ados, assiste impuissant à l’action érosive
du temps sur son corps.
Seul
« l’objet » a la capacité de stopper l’espace d’un instant cette
érosion, cette usure. Le fan redevient alors le temps d’une chanson, cet
enfant noyé dans une foule de brocanteurs, l’été 68. Il se revoit
devant l’objet, un faux carré, à la pochette flamboyante. « Je veux ça,
papa ! ».
L’artiste
n’est plus mais une légende est née. Le fan seul dans sa chambre
regarde défiler les sillons noirs, l’un après l’autre inlassablement. Le
fan ferme les yeux et écoute religieusement les titres de son idole
partie et ne reviendra pas. L’émotion du premier instant est intacte, la
magie opère toujours. Le fan se regarde dans son miroir, chantonne les
refrains, se contorsionne, se déhanche, ondule son corps, se laisse
entrainer par la mélodie qui l’accapare, lui coupe le souffle,
l’envahit, il ne sait plus s’il doit sourire ou pleurer, il fait les
deux : il pleure en souriant. Son idole et lui ne font plus qu’un.
Souad
partage son amour pour cette musique à travers les portraits et
anecdotes de Soulmen qui ont marqué l'histoire de la musique populaire
noire-américaine, de Sam Cooke à Ray Charles en passant par Otis
Redding, James Brown, Curtis Mayfield, Donny Hattaway, Marvin Gaye et
Steevie Wonder ...
Des
sudistes de Stax aux nordistes de la Motown à la Philadelphia sound et
au Funk des caraïbes on embarque pour un périple à travers les sons, les
rythmes, et les parcours souvent chaotiques de ces grands talents qui
ont donné naissance à cette musique de l'âme, moderne, prenante et
pénétrante.
Cette
rétrospective des grands soulman et de leurs tubes sera l'occasion
d'appréhender les combats menés par ces artistes au sein de l'Amérique
des années 50, blanche et résolument raciste.
Souad Belhani