mardi 10 juin 2014

Talk'n'Soul, le rendez-vous avec la musique de l'âme

Talk'n'Soul est dédié à la culture Soul, de ses origines à nos jours.


Certes la « soul music » n’est plus pour certains très à la mode mais pas pour une fan invétérée comme moi. On l’a enterrée, réanimée, ressuscitée rebaptisée mais la soul a survécu aux modes et au temps. Son succès mais aussi sa traversée du désert elle les doit quelquefois au fan, ce mystérieux individu qui aime, consomme et des fois boude cette musique qui lui a procuré tellement de bonheur, l’ingrat ! Et puis la musique de l’âme , reprend sa place et le fan tel un amant capricieux l’étreint maladroitement, et lui promet fidélité pour toujours…

N’avez –vous pas remarqué que certains médias français, presse audio visuelle ou écrite, n’évoquent la « soul » musique que pour célébrer la mort d’un chanteur de soul ? Jusque là c’est normal vous me direz ! Seulement voilà pour les amateurs de soul ça sonne faux ; ça nous soule. Écouter passer sur les ondes et en boucle le tube qui aurait « marqué l’histoire de la soul musique ». Entendre et voir défiler sur différents plateaux des spécialistes toujours les mêmes, des amoureux de la musique de l’âme, des passionnés donc, qui répondent malgré eux parfois , aux mêmes questions et qui reviennent sur le parcours artistique du chanteur défunt, sa vie, son œuvre et surtout sur les détails sordides qui ont jalonné son fabuleux destin, détails qu’affectionnent certaines revues à scandale. On entend alors des répliques journalistiques tout aussi inutiles que décevantes : « heu, Il avait quand même neuf enfants conçus avec cinq femmes différentes ! » « Il a été accusé de pédophilie ! » « Gros consommateur de cocaïne ! » « Chaud lapin » « il tapait sa femme » et alors ? On s’en fiche !
Le fan aime l’artiste point barre et voir son talent et ses chef d’œuvres se réduire à de simples faits divers, ça le rend dingue…Il fulmine devant son poste de télé, traite ces journalistes d’imbéciles, il éteint tout, s’enferme dans sa chambre place sur la platine le vinyle fétiche et crachotant qu’il a pu dénicher dans une brocante londonienne en 1968 alors qu’il n’avait que 7 ans.. Il appelle ça « son bijou ». Il le manipule avec respect, délicatesse. Il n’est pas seulement un objet mais un membre à part entière de la famille. Ce bijou a traversé les décennies sans prendre une ride alors que le fan 40 ans plus tard tempes grisonnantes, et père de 2 ados, assiste impuissant à l’action érosive du temps sur son corps.

Seul « l’objet » a la capacité de stopper l’espace d’un instant cette érosion, cette usure. Le fan redevient alors le temps d’une chanson, cet enfant noyé dans une foule de brocanteurs, l’été 68. Il se revoit devant l’objet, un faux carré, à la pochette flamboyante. « Je veux ça, papa ! ».

L’artiste n’est plus mais une légende est née. Le fan seul dans sa chambre regarde défiler les sillons noirs, l’un après l’autre inlassablement. Le fan ferme les yeux et écoute religieusement les titres de son idole partie et ne reviendra pas. L’émotion du premier instant est intacte, la magie opère toujours. Le fan se regarde dans son miroir, chantonne les refrains, se contorsionne, se déhanche, ondule son corps, se laisse entrainer par la mélodie qui l’accapare, lui coupe le souffle, l’envahit, il ne sait plus s’il doit sourire ou pleurer, il fait les deux : il pleure en souriant. Son idole et lui ne font plus qu’un.

Souad partage son amour pour cette musique à travers les portraits et anecdotes de Soulmen qui ont marqué l'histoire de la musique populaire noire-américaine, de Sam Cooke à Ray Charles en passant par Otis Redding, James Brown, Curtis Mayfield, Donny Hattaway, Marvin Gaye et Steevie Wonder ...
Des sudistes de Stax aux nordistes de la Motown à la Philadelphia sound et au Funk des caraïbes on embarque pour un périple à travers les sons, les rythmes, et les parcours souvent chaotiques  de ces grands talents qui ont donné naissance à cette musique de l'âme, moderne, prenante et pénétrante. 
Cette rétrospective des grands soulman et de leurs tubes sera l'occasion d'appréhender les combats  menés par ces artistes au sein de l'Amérique des années 50, blanche et résolument raciste. 


 Souad Belhani